On le sait depuis Mercredi dernier, James franco se lance dans l’adaptation à l’écran d’American Tabloid de James Ellroy. Ca tombe à pic, je viens de terminer le roman la semaine dernière et vais à présent m’attaquer aux 2 autres tomes de cette trilogie: American Death Trip & Underworld USA.
James Ellroy, où la part sombre de l’Amérique: la noirceur sordide, les crime froids et irrésolus, la corruption et les compromis politiques, les tueurs en série, l’obsession des femmes, dans chacun de ses romans on retrouve ses thèmes de prédilection qui prennent toujours place dans le théâtre de tous les vices selon Ellroy: Los Angeles.
L’homme y est né en 48, on le sait pauvre, voyeur, petit délinquant mais ce qui construit véritablement son identité de romancier, c’est l’assassinat irrésolu de sa mère en 58, étranglée suite à un viol ou un acte sexuel consenti, le mystère demeure. Ellroy n’aime déjà plus sa mère à cette époque, alcoolique et frivole et souhaite profondément sa mort. Il se sentira responsable de ce tragique incident et le racontera dans « Ma part d’ombre » et « La malediction Hilliker ». Ellroy fait très vite un parallèle entre le meurtre de sa mère et celui d’Elizabeth Short, survenu un an avant sa naissance et qui fascina les foules : beauté et jeunesse, tortures et mutilations, violence misogyne, Ellroy en fera un chef d’oeuvre: l’Affaire du Dahlia Noir. Pour ce croyant, obnubilé par la rédemption, Betty Short et sa mère ne font plus qu’une et même personne et raconter l’histoire de cette autre femme est un moyen de se rapprocher de sa mère disparue, et d’en faire son deuil.
A partir de là, on comprend son credo: ré-écrire l’histoire politique et sociale des Etats Unis à sa manière, en la transposant avec sa propre histoire. Chaque livre est d’un réalisme absolu, le résultat d’intenses recherches et documentations qui vont lui permettre d’organiser son roman : les failles des archives lui offre la liberté d’imaginer ce qui a pu se passer et de mieux mêler ses personnages fictifs aux personnes réelles.
Pour American Tabloid, racontant les 1000 jours de la présidence Kennedy, le ton est donné dès le prélude avec cette phrase: « L’Amérique n’a jamais été innocente ».Terre volée dès le départ, population massacrée, son visage n’a finalement pas changé avec Kennedy (que ce soit de par ses relations avec la mafia, sa trahison envers les exilés cubains, ou par son assassinat), elle était déjà corrompue. Autour de la famille Kennedy et des 3 personnages fictifs principaux du roman, défilent et se croisent Hoover, Giancana, Sinatra, Castro qui sont en train d’édifier l’histoire des Etats unis.
L’écriture est sèche, brutale, les phrases sont courtes, le style est télégraphique. Ames sensibles s’abstenir.
Source: Carnets de Route